Bakst : des Ballets russes à la haute couture

Peintre, décorateur et théoricien, Léon Bakst (1866-1924) a été l’un des chefs de file de l’avant-garde des artistes russes réunie au sein du groupe « Le Monde de l’art ». Principal collaborateur des Ballets russes lors de leurs premières saisons, il dessine les décors et les costumes de plusieurs chefs-d’œuvre : Shéhérazade, Le Spectre de la rose, L’Après-midi d’un faune, Daphnis et Chloé… Son œuvre révolutionne non seulement la décoration théâtrale, mais aussi la mode et les arts décoratifs.


C’est à l’instigation de Malena, et en compagnie de Shermane, que nous avons visité cette exposition. Chose que j’ignorais, le billet donne aussi accès la visite libre du Palais Garnier qui, il faut bien le dire, vaut le détour. Quelques costumes sont exposés dans les allées de l’opéra, ce qui enrichit la promenade.

Décor pour “Shéhérazade”

L’exposition proprement dite est située juste à côté de la bibliothèque et offre un retour sur l’oeuvre de Léon Bakst, décorateur et costumier des Ballets russes qui a ensuite rejoint l’Opéra de Paris. Les cartels sont intéressants et pas trop longs, lisibles, et les œuvres exposées assez diverses : photographies, dessins préparatoires, extraits de ballets, esquisses de décors… Si la majeure partie de la visite est consacrée au travail de Bakst en tant que tel – et à son caractère touche-à-tout – la fin se concentre davantage sur son héritage, notamment dans le milieu de la mode. En effet, dès les années 20, il devient évident que les Ballets russes, et le style qu’il a inventé pour ceux-ci, influencent considérablement la haute couture. Le lien est visible grâce aux motifs, aux coupes, aux silhouettes…

Trois vierges, ballet “Saint Sébastien”
Costume d Anna Pavlova pour la création du ballet “La Belle au Bois dormant”

Bien entendu, il s’agit avant tout d’une exposition sur un artiste qui travailla pour le ballet, et non d’une exposition de costumes ou de textile. Néanmoins, c’est un moment agréable, avec de très belles pièces (de toute évidence, le fonds de la bibliothèque de l’Opéra est riche), et l’on ressort avec l’envie de (re)voir les Ballets russes !

Bakst, des Ballets russes à la haute couture, Palais Garnier, jusqu’au 5 mars 2017

Platée

Mercredi soir, c’était la reprise de la saison d’opéra avec Leen. Pour bien commencer l’année, nous avions jeté notre dévolu sur une oeuvre de Jean-Philippe Rameau, compositeur français du 18ème siècle.

Platée1

Après un prologue où l’on assiste à la naissance de la Comédie, on décide de présenter un divertissement sur la façon dont Jupiter guérit Junon, son épouse, de sa jalousie maladive. Pour ce faire, le roi des dieux entreprend de séduire Platée, reine des grenouilles réputée pour sa laideur, et de le convaincre de l’épouser. Au dernier moment, Junon, furieuse, arrache le voile de la fiancée et éclate de rire, définitivement remise de ses accès de colère. Platée, quant à elle, regagne son marais sous les quolibets.

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Non, ce n’est pas une histoire gentille, et de nos jours, on pourrait estimer qu’elle est franchement cruelle. Toutefois, on rit beaucoup dans cet opéra, aux dépens de tous les protagonistes.
La mise en scène est vive et drôle, le décor – un théâtre qui évolue au fur et à mesure de l’histoire – joue sur l’ambiguïté de la musique baroque en France (spectacle pour le roi ou roi qui se donne en spectacle ?) tout en mettant en valeur la modernité de la musique de Rameau. Les costumes sont bien trouvés, les chorégraphies des parties dansées (très présentes dans ce genre d’oeuvre) rappelant des “scènes de la vie conjugale” soulignent le propos sans l’alourdir… Une vraie réussite.
Quant aux interprètes, ils rivalisent d’excellence. C’était la première fois que j’entendais vraiment Julie Fuchs, dans le rôle de la Comédie et, surtout, de la Folie, et elle est à couper le souffle. La virtuosité avec laquelle elle enchaîne les notes plus aiguës les unes que les autres donne le vertige, d’autant que je suis convaincue qu’une partie de son interprétation laisse place à l’improvisation. Enfin, j’ai une mention spéciale pour Philippe Talbot (oui, c’est un homme), dont la Platée est drôle, touchante, grotesque, comique… et sacrément sportive ! J’avoue être restée en admiration en le voyant sauter les marches deux à deux sans perdre son souffle en plein milieu d’un air.

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Au final, c’est un petit bijou de bonne humeur et de bonne musique, et je ne peux que vous conseiller d’y aller.
Platée, Opéra national de Paris, jusqu’au 8 octobre

Note : en dépit de mes recherches, j’ai été incapable de trouver des photos du spectacle sur le site de l’Opéra, les rares illustrations viennent donc du site opera-online.