L’île Louvre

L'ile LouvreNouveau tome dans la collaboration entre l’établissement du Louvre et les dessinateurs de bande dessinée – rappelez-vous Les gardiens du Louvre de Taniguchi – L’île Louvre est la contribution de Florent Chavouet. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un récit, mais plutôt d’un carnet de notes et de croquis saisis sur le vif, comme l’auteur en est familier.

Outre le sujet, qui me plaît beaucoup – j’ai beaucoup marché au Louvre dans ma jeunesse et j’aime bien y retourner une à deux fois par an m’y perdre – la narration, qui suit en réalité la promenade de l’artiste dans le musée, m’a enchantée. Ceux qui ont accroché à Tokyo sampo et Manabe-shima mais moins à Petites coupures à Shioguni seront ravis, mais cet ouvrage peut aussi séduire les amoureux du Louvre. Fidèle à lui-même, l’auteur a également intégré un plan avec de petites notes savoureuses (attention, contrairement à ce que je pensais, ce plan ne se détache pas !).
En outre, comme toutes les BD sur ce thème qu’il m’a été donné de lire jusqu’à présent, Florent Chavouet ajoute une petite note fantastique, transformant le musée en île et rappelant çà et là la nécessité de consulter les horaires des marées et de ne pas rater le dernier ferry pour l’île Montmartre… Un vrai régal, qui se lit malheureusement trop vite.

L’île Louvre, Florent Chavouet, Futuropolis, Louvre Editions, 20€

Les gardiens du Louvre

Taniguchi_les_gardiens_du_Louvre_vignetteDe passage en solitaire à Paris, un dessinateur japonais décide de s’accorder plusieurs jours pour explorer le Louvre et Auvers-sur-Oise. Au détour des couloirs, il croise des personnages étranges… sont-ils le fruit de son imagination, un produit de la fièvre ou, selon leurs propres dires, les gardiens du Louvre ?


J’aime beaucoup le travail de Taniguchi, et ce depuis de nombreuses années. Il fait partie des rares mangaka ayant encore droit de cité dans ma bibliothèque, car je trouve qu’il a une narration et un trait remarquables. Du coup, lorsque j’ai aperçu cet album, je ne me suis pas retenue bien longtemps (trois jours, je dirais) avant de craquer.

C’est un très bel ouvrage. Le dessin est précis – parfois, on devine la photo sous un ou deux paysages – tout en conservant une certaine douceur, peut-être apportée par la technique de colorisation (de l’aquarelle ? je ne saurais dire car je ne m’y connais pas assez). On retrouve l’atmosphère onirique caractéristique, rythmée par le monologue du personnage principal.
J’ai vraiment apprécié l’angle avec lequel le Louvre est abordé : l’auteur fait intervenir des personnalités japonaises en rapport avec le monde de l’art, établissant un lien entre la France d’aujourd’hui et le Japon d’autrefois, entre le narrateur et les peintres qu’il admire. La narration est sincère : ni trop érudite, ni faussement naïve, elle tombe juste et distille juste ce qu’il faut d’émotion.

J’ai toutefois deux regrets. Tout d’abord, j’aurais aimé connaître les circonstances de la réalisation de l’album : désir personnel du mangaka, résidence, oeuvre de commande…? Pas un mot sur le sujet au début ou à la fin de l’ouvrage. Ensuite, je trouve que le format choisi est un peu grand et contribue à donner une impression de vide dans les pages. Je pense qu’un volume de la taille des albums habituels de Taniguchi aurait été plus approprié.

Toutefois, c’était une excellente lecture, que je recommande vivement.

Les gardiens du Louvre, éditions du Louvre/Futuropolis, 20€