De passage en solitaire à Paris, un dessinateur japonais décide de s’accorder plusieurs jours pour explorer le Louvre et Auvers-sur-Oise. Au détour des couloirs, il croise des personnages étranges… sont-ils le fruit de son imagination, un produit de la fièvre ou, selon leurs propres dires, les gardiens du Louvre ?
J’aime beaucoup le travail de Taniguchi, et ce depuis de nombreuses années. Il fait partie des rares mangaka ayant encore droit de cité dans ma bibliothèque, car je trouve qu’il a une narration et un trait remarquables. Du coup, lorsque j’ai aperçu cet album, je ne me suis pas retenue bien longtemps (trois jours, je dirais) avant de craquer.
C’est un très bel ouvrage. Le dessin est précis – parfois, on devine la photo sous un ou deux paysages – tout en conservant une certaine douceur, peut-être apportée par la technique de colorisation (de l’aquarelle ? je ne saurais dire car je ne m’y connais pas assez). On retrouve l’atmosphère onirique caractéristique, rythmée par le monologue du personnage principal.
J’ai vraiment apprécié l’angle avec lequel le Louvre est abordé : l’auteur fait intervenir des personnalités japonaises en rapport avec le monde de l’art, établissant un lien entre la France d’aujourd’hui et le Japon d’autrefois, entre le narrateur et les peintres qu’il admire. La narration est sincère : ni trop érudite, ni faussement naïve, elle tombe juste et distille juste ce qu’il faut d’émotion.
J’ai toutefois deux regrets. Tout d’abord, j’aurais aimé connaître les circonstances de la réalisation de l’album : désir personnel du mangaka, résidence, oeuvre de commande…? Pas un mot sur le sujet au début ou à la fin de l’ouvrage. Ensuite, je trouve que le format choisi est un peu grand et contribue à donner une impression de vide dans les pages. Je pense qu’un volume de la taille des albums habituels de Taniguchi aurait été plus approprié.
Toutefois, c’était une excellente lecture, que je recommande vivement.
Les gardiens du Louvre, éditions du Louvre/Futuropolis, 20€
Au vu de la couverture, je te confirme que ça ressemble bien à de l’aquarelle 🙂
Merci pour la précision !
Hirohiko Araki a aussi pondu un formidable Rohan au Louvre, à 3 000 lieues de celui de Taniguchi j’imagine, mais je me demande si ce ne sont pas des commandes du Musée.
A part L’homme qui marche et Le gourmet solitaire, Taniguchi ne me parle pas. Je n’aime ni la narration ni les dessins que je trouve horriblement statiques. Summum atteint dans Garôden, un beau fond de tiroir.