La Ferme des Neshov

anne b ragdeAprès la découverte du terrible secret de famille qui lie les protagonistes de La Terre des mensonges, on retrouve dans La Ferme des Neshov les trois frères : Tor, Margido et Erlend. Tous sont confrontés à un moment de leur vie où ils doivent faire un choix important. Les Neshov parviendront-ils à surmonter leurs différences pour recréer des liens familiaux mis à rude épreuve depuis si longtemps ?


Ce roman est le second tome de la trilogie des Neshov. Il reprend l’histoire juste à l’endroit où celle-ci s’était arrêtée, après la révélation du secret familial. Chaque chapitre s’applique à suivre un des membres de cette famille : Tor, Margido, Erlend ou Torunn. On les retrouve dans leur vie quotidienne, on suit leurs réflexions sur les conséquences du premier tome. L’auteur reprend les thèmes qu’elle développait déjà dans La terre des mensonges : les secrets de famille, la transmission, le lien organique à la terre qui transcende le reste…
L’écriture est incisive. Pas de grandes descriptions ni de morceaux de bravoure, rien qu’une analyse très fine de la psyché des personnages. L’auteur est sans concession, ni complaisance, mais fait toutefois preuve de beaucoup d’humanité : le destin des héros la touche, nous touche. Elle ne s’érige pas en juge mais nous donne simplement à voir ce qui se passe. En outre, elle parvient à mettre en scène un couple homo à l’histoire émouvante bien que sans cliché et qui, paradoxalement, est la seule relation “saine” de tout le roman.

Un livre (une trilogie, même !) à lire d’urgence.

Reading Challenge 2015 : A book that was originally written in a different language (norvégien)

Mille jours à Venise

deblasiCeci n’est pas un conte, c’est une histoire vraie. L’enthousiaste et désarmante Marlena, bouleversée par sa rencontre avec un «bel étranger», liquide en quelques semaines tout ce qu’elle avait en Amérique pour aller vivre avec lui à Venise…


J’avais déjà lu Mille jours en Toscane, qui est en réalité la suite de cette chronique, attirée par la quatrième de couverture qui mêlait Italie et cuisine, deux de mes péchés mignons (je rêve de retourner en Italie). Du coup, il y a quelques semaines, j’ai embarqué Mille jours à Venise et Un palais à Orvieto qui encadrent ce tome.

Marlena a donc décidé, sur un coup de tête et après avoir rencontré l’amour de sa vie, de tout plaquer aux Etats-Unis pour rejoindre cet homme à Venise. Nous suivons son parcours, depuis les premiers regards échangés jusqu’à ce millième jour : on s’enthousiasme, on doute, on rit et on pleure avec elle. On sent les effluves de sa cuisine monter des pages, on se glisse derrière lorsqu’elle arpente les ruelles et passe d’île en île.

C’est l’histoire d’une femme qui décide de se réinventer et qui va jusqu’au bout de sa démarche. Si le “bel étranger” est omniprésent et a servi de déclic, on sent qu’elle aurait pu bifurquer ailleurs sans lui.
La plume de Marlena de Blasi est légère, épicurienne, mais également évocatrice. Elle nous donne à voir Venise telle qu’elle existe à la fois pour les étrangers et pour les Vénitiens. On sent toute son admiration et sa passion pour la ville, ses rituels et ses bizarreries.

Même si, par moments, j’ai eu envie de secouer le “bel étranger” comme un prunier, je n’en ai pas moins été touchée par l’histoire et transportée par ces si jolies descriptions. J’ai passé un excellent moment et j’ai hâte de lire la suite.
Par ailleurs, ce livre m’a permis de cocher la case “A book set somewhere you’ve always wanted to visit” dans le Reading challenge.

Reading challenge 2015

L’autre jour, en me promenant sur le blog de I’m Lizzie, j’ai découvert un “défi lecture” pour 2015. L’idée m’a beaucoup plu et, du coup, j’ai eu très envie de m’y mettre à mon tour. Compte tenu du fait que je vis toujours trois vies en une et que j’ai une Crevette qui me réclame pas mal d’énergie, je ne suis pas vraiment sûre de parvenir au bout. Sauf si je cumule. Par exemple “classic romance” et “auteur féminin” peuvent très bien donner un roman de Jane Austen. Ou encore, “un livre de plus de 500 pages”, “un auteur pas encore lu”, “un titre d’un seul mot”, ça peut faire “Ulysse” de James Joyce… Mais est-ce que ce ne serait pas tricher un peu…?

J’essaierai de vous tenir au courant au fil de mes lectures, j’ai même créé une catégorie spéciale pour ce faire. On se revoit en fin d’année pour le bilan ? Et si vous souhaitez vous y mettre aussi, n’hésitez pas, et faites-m’en part, que je me sente moins seule !

challenge lecture

Bordemarge

bordemarge-nuncqUn mousquetaire rebelle quitte le château de Bordemarge au galop. C’est Roxane, l’héritière légitime de la couronne, fuyant le duc Silas qui vient de s’emparer du trône.
Qui pourrait bien l’aider dans son combat pour la justice ? Une troupe extraordinaire de compagnons plus délirants les uns que les autres ! Car a Bordemarge tout est possible…
Mais c’est un monde imaginaire et ce genre d’aventures n’arrive que dans les romans de cape et d’épée. Violette le sait bien, elle qui n’aime pas du tout sa vie de bibliothécaire déprimée…
Elle est loin de se douter que l’aventure va lui tomber dessus… littéralement! Car pour échapper a ses ennemis, Roxane traverse un tableau magique et envoie Violette dans son royaume a sa place. Saura-t-elle dejouer les plans de l’infâme Silas et rendre son trône a Roxane ? Tout est possible, il suffit de le vouloir…


Emmanuelle Nuncq est un autre nom de plume de Camille Adler, dont j’avais particulièrement apprécié la romance historique il y a quelques mois. Bordemarge est son premier roman, et je dois dire qu’il m’a beaucoup plu !
L’idée de la rencontre entre fiction et réalité n’est certes pas neuve – qu’il me suffise de dire que je suis une grande admiratrice de Jasper Fforde devant l’éternelle – mais je l’ai trouvée habilement traitée, et de façon toute différente. L’auteur lâche la bride à son imagination et nous entraîne dans un univers de cape et d’épée où les incursions de personnes “réelles” ont donné lieu à des additions telles que le steampunk ou les héroïnes féminines fortes.
J’ai beaucoup apprécié le fait qu’on suive deux héroïnes en parallèle, l’une fictive, l’autre vivante, mais découvrant chacune le monde de l’autre. Violette, la bibliothécaire déprimée, nous permet de saisir les ficelles narratives de Bordemarge, et exploite celles-ci à son profit.
Enfin, et pour ne rien gâcher, l’écriture est, une fois encore, fine et très agréable. On sent que l’auteur a la passion de la littérature, et cela se retrouve dans sa plume sans qu’il y ait toutefois la moindre trace de pédantisme. En outre, l’histoire demeure facile d’accès et peut se lire sans doute dès le collège, même si les plus grands apprécieront les clins d’œil aux héros de notre enfance.

How to be a woman

MoranMême si elles ont le droit de vote et la pilule, et qu’aucune n’a été brûlée vive comme sorcière depuis 1727, la vie n’est pas tout à fait semée de roses pour les femmes modernes. Elles sont assaillies de doutes et de questions : pourquoi devraient-elles subir une épilation intégrale ? Pourquoi le soutien-gorge est-il douloureux ? Pourquoi ne cesse-t-on de parler de bébés ? Et est-ce que les hommes les détestent en secret ?


Ce livre m’a été conseillé par une amie américaine, qui m’en disait le plus grand bien. Rédigé par Caitlin Moran, une chroniqueuse musicale pour le Times, il traite de la condition féminine au sens le plus “matériel” : pourquoi faut-il porter un soutien-gorge, qu’est-ce qui nous oblige à nous faire épiler ou pourquoi est-il si cher d’être une femme, par exemple.

On pourrait dire que les sujets sont rebattus et qu’on les a déjà traités sous toutes les coutures. Certes. Mais ce livre ne se veut absolument pas une doctrine, une ligne de combat que toutes les femmes devraient adopter. Il se contente de poser les bonnes questions, de pousser à s’interroger, tout en faisant (beaucoup) rire.
Entre deux sujets “légers”, l’auteur aborde l’aspect de la reproduction (avec – et c’est à souligner – deux chapitres : pourquoi vous devriez et pourquoi vous ne devriez pas avoir d’enfants), de l’avortement, du mariage… Entremêlant ses réflexions d’épisodes tirés de sa propre expérience, elle parvient à nous faire rigoler en parlant de cystite ou de cuite.

Alors évidemment, pour celles qui sont déjà bien documentées sur la question, je ne pense pas que cet ouvrage fera la différence. Parfois, on a l’impression d’enfoncer des portes ouvertes. Et puis les 2-3 premiers chapitres ne m’ont pas particulièrement accrochée (je me suis même demandé ce que c’était que ce machin).
Toutefois, j’ai beaucoup aimé l’autodérision et la façon dont l’auteur nous interpelle tout en ayant l’air de ne pas y toucher. En outre, c’est vraiment bien écrit (et on progresse en argot et culture populaire britanniques), même si je doute fort qu’il existe une traduction. C’est une lecture que je ne peux donc que conseiller, surtout en guise d'”introduction au féminisme”.

Rose soie

Rose soieParis, 1884. Rose de Saulnay est une jeune femme en avance sur son temps et a un goût immodéré pour la mode, ce que ne manque pas de lui reprocher son mari violent. C’est grâce à sa rencontre avec Alexander Wright, le couturier le plus en vue de la capitale, que Rose trouve le courage de réaliser son rêve : elle ouvreune boutique de confection. C’est le début d’une période à la fois difficile et grisante. Mais la passion qui lie Rose et Alexander se transforme peu à peu en un amour qui ne peut pas s’exposer au grand jour…


L’avantage d’être auteur, c’est qu’on aller piller régulièrement de temps à autre la réserve de son éditeur et repartir les poches pleines. L’inconvénient, c’est que si on conseille quelque chose de la production maison, on peut toujours être accusé(e) de favoritisme. Alors disons-le tout de suite : on ne me demande pas de produire des critiques positives sur les romans publiés par mon employeur. Voilà, voilà.

Parce qu’il faut bien le dire, j’ai adoré ce roman. Je ne sais même pas par où commencer, et je sens que je vais faire un inventaire à la Prévert. C’est très bien écrit : l’auteur se réclame d’Emile Zola et, dans une certaine mesure, on retrouve son influence (étant moi-même une très grande fan du maître, je suis difficile). L’écriture est fine, élégante, détaillée sans jamais être pompeuse ou ennuyeuse.
Point que j’affectionne tout particulièrement : on est au plus proche de la réalité historique, qu’il s’agisse des mœurs, de la politique ou de la mode, on sent vraiment que le sujet a été étudié en profondeur. Le héros est clairement inspiré par Charles Frederick Worth, couturieur de l’impératrice Eugénie (entre autres), et tous les détails concernant la mode sont soigneusement pensés et réfléchis.
Enfin, les personnages, qu’il s’agisse des héros ou des personnages secondaires, ont de l’épaisseur et aucun ne fait de la figuration. J’ai apprécié le fait que l’auteur choisisse de mettre en scène une héroïne très timide et presque dévote, un mari violent, un héros taciturne, mais aussi des amies plus ou moins bien intentionnées… Il faut reconnaître l’effort d’aborder des sujets pas toujours simples comme la violence conjugale ou la condition féminine à la fin du 19ème siècle.

Vous l’avez compris, je vous recommande chaleureusement ce roman. Je ne regrette qu’une seule chose : qu’il soit si court ! J’attendais quelques rebondissements qui ne sont finalement pas venus, mais qu’à cela ne tienne, c’était très bien quand même.

Rose soie, de Camille Adler, est publié chez Milady Romance et sortira le 19 septembre

Où il est question de livres…

Une amie m’a taggée sur Facebook tout à l’heure, et comme je n’ai que des idées d’articles sérieux en ce moment, je me suis dit qu’un peu de fraîcheur et de spontanéité ne nuiraient pas à l’ambiance…
La règle : faites une liste de dix livres qui vous ont marqué(e) d’une manière ou d’une autre. Ne réfléchissez pas trop longtemps et surtout ne pensez pas au “bon” ou “mauvais” livre.

Chatlivre

Donc, ma sélection :
1/ Au bonheur des dames, Emile Zola
2/ Sense and sensibility, Jane Austen
3/ Le monde d’hier, Souvenirs d’un Européen, Stefan Zweig
4/ Irrésistible Mirabel, Loretta Chase
5/ Reine des orages, Marion Zimmer Bradley
6/ Fille de l’empire, Raymond E. Feist et Janny Wurts
7/ Du côté de chez Swann, Marcel Proust
8/ The handmaid’s tale, Margaret Atwood
9/ Complot à Versailles, Annie Jay
10/ Serena, Martine Desèvre

Il y a à boire et à manger dans cette sélection, mais on notera une prédominance d’héroïnes fortes, dont on raconte la lutte pour se frayer un chemin dans un univers hostile et généralement féminin. Il faut peut-être y discerner quelque chose…

Journal d’une accoucheuse

Journal d'une accoucheuseJusqu’à ce cours de sciences naturelles où il lui a fallu disséquer une grenouille, Mrinalini avait décidé de devenir actrice, mais cette expérience a suscité en elle une tout autre vocation : elle sera médecin et mettra des enfants au monde.
Après des années d’études à Delhi puis en Angleterre, Mrinalini retourne à Madras afin d’y ouvrir une clinique de gynécologie. C’est à travers son récit que le lecteur fait connaissance avec six de ses patientes aux origines, âges et aspirations différents.
Zubeida, qui porte la burqa et regarde Jules et Jim en cachette, est, en effet, bien éloignée de Megha, la mère en souffrance dans une famille patriarcale, ou de Leela, la jeune beauté ultra-protégée. Quant à Pooja, la lycéenne, violée par “le beau capitaine de l’équipe de cricket”, elle n’a rien à voir ni avec Tulsi, l’insatisfaite publicitaire qui vit en union libre, ni avec Anjolie, la performeuse franco-indienne au lourd passé.
Au fil des consultations, Mrinalini s’implique toujours plus dans leur vie, car depuis que l’inconstant Sid l’a abandonnée pour épouser une surfeuse, la jeune femme n’a plus qu’un seul désir : donner des ailes à ses patientes.


J’ai aperçu ce livre en librairie peu après la naissance de la Crevette, attirée par la magnifique photo de couverture, et encore plus par le résumé. Néanmoins, grâce aux deux neurones qui n’étaient pas totalement court-circuités par le baby-blues, j’ai sagement décidé d’attendre avant de l’acheter, me disant que le contenu serait peut-être un peu difficile dans mon état. Du coup, j’ai profité de mes vacances pour m’y atteler avec bonheur.
L’histoire, racontée par le médecin, est poignante, parfois drôle, toujours vraie, émouvante parfois… Sa propre vie croise celle de ses patientes, abordant ainsi tous les aspects de la condition féminine en Inde, des castes inférieures aux plus privilégiées.
J’ai beaucoup aimé ce roman. C’est très bien écrit, on plonge dans le quotidien pas toujours rose, parfois même sordide, de ces Indiennes dont on finit par se sentir proche en dépit de toutes les différences culturelles. On essaie de comprendre pourquoi certaines ne se rebellent pas contre leur condition, avant de découvrir comment elles contournent les interdits et les tabous. Ce livre est en fait une vraie leçon d’espoir, selon moi, une ode aux femmes indiennes et à leur courage, et je le recommande très chaleureusement.

“Journal d’une accoucheuse” est publié aux éditions Actes Sud

Ronde des poches #2

La toujours inventive Armalite nous a concocté un nouveau type de swap : la ronde des poches. Le principe est simple : on s’inscrit et l’on reçoit les coordonnées de la personne précédente ainsi qu’une liste sommaire de ses goûts et on lui envoie un livre de poche susceptible de lui plaire.
J’avais déjà participé à la première édition et eu le plaisir de découvrir “Les cinq quartiers de l’orange” de Joanne Harris (qui a aussi écrit “Chocolat”, mais si, ce livre adapté au cinéma avec Johnny Depp et Juliette Binoche).

Cette fois-ci, c’est Audrey qui m’a envoyé “Quand l’empereur était un dieu” de Julie Otsuka.

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Au lendemain de l’attaque de Pearl Harbour, une famille de Berkeley brutalement arrachée à sa demeure est déportée par le FBI à la frontière du désert. Ses origines japonaises suffisent à justifier l’emprisonnement, la peine et l’humiliation. Trois ans auxquels chacun doit survivre, agrippé aux joies passées, pour tenter de se reconstruire dans les ruines de la Seconde Guerre mondiale.

Je suis bien embêtée. En effet, ma correspondante ne pouvait pas mieux tomber : seconde guerre mondiale, Japon… ça colle avec mes goûts. A tel point que j’ai acheté ce roman en 2012 lors de mon séjour à Seattle. Notez que je l’ai beaucoup aimé : outre qu’on explore un aspect peu connu de la guerre aux Etats-Unis (la déportation et la ségrégation des Américains d’origine japonaise), on en apprend un peu plus sur la vie de ces migrants arrivés au tournant du 20ème siècle pour travailler dans les champs et les exploitations agricoles. Le style est fluide, concis, mais l’évocation demeure puissante.
En outre, si vous désirez lire en anglais mais que vous n’êtes pas très sûrs de vous, je ne peux que vous conseiller ce livre car il est bref (150 pages environ) et sa langue est simple et facilement compréhensible.

Pour ne rien gâcher, le livre était accompagné de deux magnifiques cartes postales ornées de citations de Jane Austen et dont je suis déjà folle.

Je suis donc très contente et en même temps un peu frustrée pour ma swapeuse qui à l’évidence s’est pas mal investie pour me trouver ce livre !

“Ermites dans la taïga”

Ermites_taigaUne famille de vieux-croyants démunis à l’extrême, subsistant dans une cabane misérable, en pleine taïga, coupés de la civilisation depuis… 1938 : telle est l’incroyable réalité décrite par Vassili Peskov, qui raconte ici avec passion et minutie l’aventure des ermites de notre temps, puis les vains efforts de la plus jeune d’entre eux, Agafia, pour se réadapter au monde.

Encore un titre qui n’était pas dans ma PAL, me direz-vous. J’avoue, j’ai une fois de plus succombé au plaisir coupable du libraire. Jeudi dernier, je cherchais un livre pour la ronde des poches au rayon “Récits de voyage” de mon dealer habituel, quand j’ai fini par m’offrir cet ouvrage qui me narguait depuis quelques semaines. En réalité, j’ai appris pour la première fois l’existence de cette famille, les Lykov, l’hiver dernier dans un reportage du Daily Mail (on a les références culturelles que l’on peut) et j’avais très envie d’en savoir plus, d’autant plus que ce sont des vieux-croyants (orthodoxes russes qui ont refusé la réforme du culte voulue par le tsar Alexis) et que la grand-mère de l’Anglais appartient à cette mouvance.

Il ne s’agit pas d’un roman mais plutôt d’une enquête journalistique : l’auteur, Vassili Peskov, s’est rendu à de nombreuses reprises auprès de la famille Lykov après leur “redécouverte” en 1978. Il décrit les raisons qui ont poussé cette famille à s’exiler toujours plus loin dans la taïga (ils se trouvaient à plusieurs centaines de kilomètres de la première installation humaine), leur quotidien, ainsi que les deux membres de la famille qu’il a pu rencontrer : Karp Ossipovitch, le père, et Agafia, la fille cadette. Plus tard, il y retourne presque chaque année pour informer ses lecteurs de l’évolution de la situation.
Je ne sais pas ce qui m’a le plus frappée dans ce livre : la description des magnifiques paysages de la taïga qui donne franchement envie de partir (genre je survivrais plus de deux jours dans un endroit pareil…), la vie de ces gens qui ont choisi de s’installer au milieu de nulle part, leur foi inébranlable qui confine à l’obscurantisme (je dis “qui confine” et non qui l’est car ils ne semblent pas condamner les gens qu’ils rencontrent de vivre “dans le siècle”), leurs réactions face à la modernité… C’est un tableau fascinant, une image qui se serait arrêtée définitivement à l’orée du XXème siècle. Le dépaysement est garanti.

L’auteur a publié une suite, “Des nouvelles d’Agafia”, que je n’ai pas encore lue.

Ermites dans la taïga, Vassili Peskov, Babel Actes Sud