Rose soie

Rose soieParis, 1884. Rose de Saulnay est une jeune femme en avance sur son temps et a un goût immodéré pour la mode, ce que ne manque pas de lui reprocher son mari violent. C’est grâce à sa rencontre avec Alexander Wright, le couturier le plus en vue de la capitale, que Rose trouve le courage de réaliser son rêve : elle ouvreune boutique de confection. C’est le début d’une période à la fois difficile et grisante. Mais la passion qui lie Rose et Alexander se transforme peu à peu en un amour qui ne peut pas s’exposer au grand jour…


L’avantage d’être auteur, c’est qu’on aller piller régulièrement de temps à autre la réserve de son éditeur et repartir les poches pleines. L’inconvénient, c’est que si on conseille quelque chose de la production maison, on peut toujours être accusé(e) de favoritisme. Alors disons-le tout de suite : on ne me demande pas de produire des critiques positives sur les romans publiés par mon employeur. Voilà, voilà.

Parce qu’il faut bien le dire, j’ai adoré ce roman. Je ne sais même pas par où commencer, et je sens que je vais faire un inventaire à la Prévert. C’est très bien écrit : l’auteur se réclame d’Emile Zola et, dans une certaine mesure, on retrouve son influence (étant moi-même une très grande fan du maître, je suis difficile). L’écriture est fine, élégante, détaillée sans jamais être pompeuse ou ennuyeuse.
Point que j’affectionne tout particulièrement : on est au plus proche de la réalité historique, qu’il s’agisse des mœurs, de la politique ou de la mode, on sent vraiment que le sujet a été étudié en profondeur. Le héros est clairement inspiré par Charles Frederick Worth, couturieur de l’impératrice Eugénie (entre autres), et tous les détails concernant la mode sont soigneusement pensés et réfléchis.
Enfin, les personnages, qu’il s’agisse des héros ou des personnages secondaires, ont de l’épaisseur et aucun ne fait de la figuration. J’ai apprécié le fait que l’auteur choisisse de mettre en scène une héroïne très timide et presque dévote, un mari violent, un héros taciturne, mais aussi des amies plus ou moins bien intentionnées… Il faut reconnaître l’effort d’aborder des sujets pas toujours simples comme la violence conjugale ou la condition féminine à la fin du 19ème siècle.

Vous l’avez compris, je vous recommande chaleureusement ce roman. Je ne regrette qu’une seule chose : qu’il soit si court ! J’attendais quelques rebondissements qui ne sont finalement pas venus, mais qu’à cela ne tienne, c’était très bien quand même.

Rose soie, de Camille Adler, est publié chez Milady Romance et sortira le 19 septembre

Où il est question de livres…

Une amie m’a taggée sur Facebook tout à l’heure, et comme je n’ai que des idées d’articles sérieux en ce moment, je me suis dit qu’un peu de fraîcheur et de spontanéité ne nuiraient pas à l’ambiance…
La règle : faites une liste de dix livres qui vous ont marqué(e) d’une manière ou d’une autre. Ne réfléchissez pas trop longtemps et surtout ne pensez pas au “bon” ou “mauvais” livre.

Chatlivre

Donc, ma sélection :
1/ Au bonheur des dames, Emile Zola
2/ Sense and sensibility, Jane Austen
3/ Le monde d’hier, Souvenirs d’un Européen, Stefan Zweig
4/ Irrésistible Mirabel, Loretta Chase
5/ Reine des orages, Marion Zimmer Bradley
6/ Fille de l’empire, Raymond E. Feist et Janny Wurts
7/ Du côté de chez Swann, Marcel Proust
8/ The handmaid’s tale, Margaret Atwood
9/ Complot à Versailles, Annie Jay
10/ Serena, Martine Desèvre

Il y a à boire et à manger dans cette sélection, mais on notera une prédominance d’héroïnes fortes, dont on raconte la lutte pour se frayer un chemin dans un univers hostile et généralement féminin. Il faut peut-être y discerner quelque chose…

Journal d’une accoucheuse

Journal d'une accoucheuseJusqu’à ce cours de sciences naturelles où il lui a fallu disséquer une grenouille, Mrinalini avait décidé de devenir actrice, mais cette expérience a suscité en elle une tout autre vocation : elle sera médecin et mettra des enfants au monde.
Après des années d’études à Delhi puis en Angleterre, Mrinalini retourne à Madras afin d’y ouvrir une clinique de gynécologie. C’est à travers son récit que le lecteur fait connaissance avec six de ses patientes aux origines, âges et aspirations différents.
Zubeida, qui porte la burqa et regarde Jules et Jim en cachette, est, en effet, bien éloignée de Megha, la mère en souffrance dans une famille patriarcale, ou de Leela, la jeune beauté ultra-protégée. Quant à Pooja, la lycéenne, violée par “le beau capitaine de l’équipe de cricket”, elle n’a rien à voir ni avec Tulsi, l’insatisfaite publicitaire qui vit en union libre, ni avec Anjolie, la performeuse franco-indienne au lourd passé.
Au fil des consultations, Mrinalini s’implique toujours plus dans leur vie, car depuis que l’inconstant Sid l’a abandonnée pour épouser une surfeuse, la jeune femme n’a plus qu’un seul désir : donner des ailes à ses patientes.


J’ai aperçu ce livre en librairie peu après la naissance de la Crevette, attirée par la magnifique photo de couverture, et encore plus par le résumé. Néanmoins, grâce aux deux neurones qui n’étaient pas totalement court-circuités par le baby-blues, j’ai sagement décidé d’attendre avant de l’acheter, me disant que le contenu serait peut-être un peu difficile dans mon état. Du coup, j’ai profité de mes vacances pour m’y atteler avec bonheur.
L’histoire, racontée par le médecin, est poignante, parfois drôle, toujours vraie, émouvante parfois… Sa propre vie croise celle de ses patientes, abordant ainsi tous les aspects de la condition féminine en Inde, des castes inférieures aux plus privilégiées.
J’ai beaucoup aimé ce roman. C’est très bien écrit, on plonge dans le quotidien pas toujours rose, parfois même sordide, de ces Indiennes dont on finit par se sentir proche en dépit de toutes les différences culturelles. On essaie de comprendre pourquoi certaines ne se rebellent pas contre leur condition, avant de découvrir comment elles contournent les interdits et les tabous. Ce livre est en fait une vraie leçon d’espoir, selon moi, une ode aux femmes indiennes et à leur courage, et je le recommande très chaleureusement.

“Journal d’une accoucheuse” est publié aux éditions Actes Sud

Ronde des poches #2

La toujours inventive Armalite nous a concocté un nouveau type de swap : la ronde des poches. Le principe est simple : on s’inscrit et l’on reçoit les coordonnées de la personne précédente ainsi qu’une liste sommaire de ses goûts et on lui envoie un livre de poche susceptible de lui plaire.
J’avais déjà participé à la première édition et eu le plaisir de découvrir “Les cinq quartiers de l’orange” de Joanne Harris (qui a aussi écrit “Chocolat”, mais si, ce livre adapté au cinéma avec Johnny Depp et Juliette Binoche).

Cette fois-ci, c’est Audrey qui m’a envoyé “Quand l’empereur était un dieu” de Julie Otsuka.

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Au lendemain de l’attaque de Pearl Harbour, une famille de Berkeley brutalement arrachée à sa demeure est déportée par le FBI à la frontière du désert. Ses origines japonaises suffisent à justifier l’emprisonnement, la peine et l’humiliation. Trois ans auxquels chacun doit survivre, agrippé aux joies passées, pour tenter de se reconstruire dans les ruines de la Seconde Guerre mondiale.

Je suis bien embêtée. En effet, ma correspondante ne pouvait pas mieux tomber : seconde guerre mondiale, Japon… ça colle avec mes goûts. A tel point que j’ai acheté ce roman en 2012 lors de mon séjour à Seattle. Notez que je l’ai beaucoup aimé : outre qu’on explore un aspect peu connu de la guerre aux Etats-Unis (la déportation et la ségrégation des Américains d’origine japonaise), on en apprend un peu plus sur la vie de ces migrants arrivés au tournant du 20ème siècle pour travailler dans les champs et les exploitations agricoles. Le style est fluide, concis, mais l’évocation demeure puissante.
En outre, si vous désirez lire en anglais mais que vous n’êtes pas très sûrs de vous, je ne peux que vous conseiller ce livre car il est bref (150 pages environ) et sa langue est simple et facilement compréhensible.

Pour ne rien gâcher, le livre était accompagné de deux magnifiques cartes postales ornées de citations de Jane Austen et dont je suis déjà folle.

Je suis donc très contente et en même temps un peu frustrée pour ma swapeuse qui à l’évidence s’est pas mal investie pour me trouver ce livre !

“Ermites dans la taïga”

Ermites_taigaUne famille de vieux-croyants démunis à l’extrême, subsistant dans une cabane misérable, en pleine taïga, coupés de la civilisation depuis… 1938 : telle est l’incroyable réalité décrite par Vassili Peskov, qui raconte ici avec passion et minutie l’aventure des ermites de notre temps, puis les vains efforts de la plus jeune d’entre eux, Agafia, pour se réadapter au monde.

Encore un titre qui n’était pas dans ma PAL, me direz-vous. J’avoue, j’ai une fois de plus succombé au plaisir coupable du libraire. Jeudi dernier, je cherchais un livre pour la ronde des poches au rayon “Récits de voyage” de mon dealer habituel, quand j’ai fini par m’offrir cet ouvrage qui me narguait depuis quelques semaines. En réalité, j’ai appris pour la première fois l’existence de cette famille, les Lykov, l’hiver dernier dans un reportage du Daily Mail (on a les références culturelles que l’on peut) et j’avais très envie d’en savoir plus, d’autant plus que ce sont des vieux-croyants (orthodoxes russes qui ont refusé la réforme du culte voulue par le tsar Alexis) et que la grand-mère de l’Anglais appartient à cette mouvance.

Il ne s’agit pas d’un roman mais plutôt d’une enquête journalistique : l’auteur, Vassili Peskov, s’est rendu à de nombreuses reprises auprès de la famille Lykov après leur “redécouverte” en 1978. Il décrit les raisons qui ont poussé cette famille à s’exiler toujours plus loin dans la taïga (ils se trouvaient à plusieurs centaines de kilomètres de la première installation humaine), leur quotidien, ainsi que les deux membres de la famille qu’il a pu rencontrer : Karp Ossipovitch, le père, et Agafia, la fille cadette. Plus tard, il y retourne presque chaque année pour informer ses lecteurs de l’évolution de la situation.
Je ne sais pas ce qui m’a le plus frappée dans ce livre : la description des magnifiques paysages de la taïga qui donne franchement envie de partir (genre je survivrais plus de deux jours dans un endroit pareil…), la vie de ces gens qui ont choisi de s’installer au milieu de nulle part, leur foi inébranlable qui confine à l’obscurantisme (je dis “qui confine” et non qui l’est car ils ne semblent pas condamner les gens qu’ils rencontrent de vivre “dans le siècle”), leurs réactions face à la modernité… C’est un tableau fascinant, une image qui se serait arrêtée définitivement à l’orée du XXème siècle. Le dépaysement est garanti.

L’auteur a publié une suite, “Des nouvelles d’Agafia”, que je n’ai pas encore lue.

Ermites dans la taïga, Vassili Peskov, Babel Actes Sud

Dans ma PAL (Juillet 2014)

“Comme tous les psychopathes, je lis plusieurs livres à la fois.”
Jérôme H., professeur d’histoire moderne en CPGE (circa 2001)

Eliott Bay Book Company, Seattle
Eliott Bay Book Company, Seattle

En fait, je dresse le tableau des livres en cours que celui des livres qui me guettent du coin de l’oeil en attendant que je les ouvre. Donc en ce moment, il y a :

How to woo a reluctant lady, Sabrina Jeffries, Pocket Star Books.
Une romance historique, troisième tome de la série Hellions of Halstead Hall, pour laquelle j’ai eu un coup de coeur (sans mauvais jeu de mot). C’est bien écrit, bien documenté, on ne s’ennuie pas une seconde (et après le week-end de folie en Bretagne, c’est exactement ce dont mon cerveau épuisé a besoin !)

Journal, Emily Shore, ULAN Press
Il s’agit d’extraits du journal intime d’Emily Shore, fille de pasteur dans l’Angleterre victorienne, de 11 à 19 ans (âge de sa mort). Offert par Dolores de la Mancha pour mon anniversaire, c’est une lecture que je trouve très divertissante. Un seul (gros) point noir : la taille du livre. Impossible de le glisser dans un sac à main, et ça fait quand même lourd dans la valise.

The King, J. R. Ward, New American Library
Bon, en fait, c’est pour le boulot. J’ai à peine lu le prologue. A titre personnel, j’apprécie beaucoup cette série, mais je sens que ce tome-là va être chiant et frustrant. Du coup, j’arrive pas à m’y mettre. Je dois abattre un peu plus d’un million de signes d’ici décembre. Je vais bien, tout va bien.

Souvenirs maritimes, Scipion de Castries, Mercure de France
A l’origine, je l’ai acheté en guise de source pour mon prochain roman. En fait, cela m’aurait plus servi pour le précédent, mais c’est extrêmement bien écrit et très vivant. Du coup, j’en lis un petit bout de temps à autre.

Les caractères, Jean de La Bruyère, Folio classique
J’ai eu un texte extrait de cet ouvrage à préparer pour le bac français. Malheureusement, je suis tombée sur un truc beaucoup moins drôle. Mais ça m’avait marquée et j’avais envie de le lire en entier (en plus j’aime beaucoup la littérature classique). Accessoirement, comme ce sont des textes très courts (de quelques lignes à quelques pages), c’est le livre idéal pour les toilettes (oui, j’ai des livres exprès pour ce genre d’endroits et je vous zute).